1981 – L’assassinat du juge Pierre Michel

En 1981, Marseille fut secouée par l’assassinat du juge Pierre Michel. Philippe Vouland, alors jeune avocat, était souvent nommé d’office pour défendre des toxicomanes suivis par le juge. Cette affaire marqua Philippe Vouland, non seulement en raison de sa relation avec le juge, mais aussi à cause de l’impact médiatique et judiciaire. Philippe Vouland avait noué des liens professionnels et respectueux avec Pierre Michel. Il ne pouvait accepter de défendre les accusés de l’assassinat. La frénésie médiatique et judiciaire autour de l’affaire rendait toute défense extrêmement difficile.

Le 21 octobre 1981, Pierre Michel, juge d’instruction au palais de Justice de Marseille, est abattu en pleine rue. Ses assassins fuient à toute allure dans les rues adjacentes. Le juge Patrick Guérin est chargé d’enquêter sur l’assassinat de son collègue. Il épluche pendant de longs mois tous les dossiers sensibles de Michel.

Le lendemain de son assassinat, Pierre Michel aurait dû avoir un rendez-vous capital avec un homme de main incarcéré après le démantèlement d’un labo de transformation d’héroïne qui devait lui faire des révélations sur l’implication du parrain local, Gaëtan Zampa.

48 heures après le drame, la moto des tueurs est signalée. On retrouve l’empreinte digitale de Charles Giardina, un petit voyou de la ville. Il ne peut pas être l’un des tueurs, mais sa surveillance montre qu’il est lié à un vieux routier de la pègre, Gilbert Ciaramaglia, un homme de main du fameux parrain Gaëtan Zampa.

Après deux ans de traque, Zampa, est arrêté et incarcéré. Le parrain nie, mais il se pend. L’enquête n’est repartie que quatre ans plus tard, lorsqu’un labo d’héroïne est démantelé en Suisse. L’un des trafiquants balance les responsables de l’assassinat de Michel : le pilote s’appelle Charles Altiéri, le tueur est François Cecchi et le commanditaire n’est pas Zampa, mais François Girard.

Le tueur signe ses aveux en expliquant qu’il ne connaissait pas l’identité de sa victime. François Girard, alors incarcéré aux Baumettes, nie toute implication dans cette histoire. Le 16 juin 1988, s’ouvre le procès, mais il manque du monde dans le box des accusés. Le commanditaire et le tueur continuent de se défendre, mais en vain. Les jurés condamnent François Girard et François Cecchi à la perpétuité avec 18 ans de sûreté. Le pilote parti en cavale est arrêté cinq ans plus tard et est condamné à la perpétuité. 

Les accusés, initialement mêlés à l’affaire, virent leurs dossiers disjoints et examinés devant le Tribunal Correctionnel. Philippe Vouland naviguait dans un climat d’émotion intense, où la justice semblait sourde aux arguments de la défense. Deux receleurs furent traités pendant un temps comme les pires assassins, montrant les défis d’une défense dans un contexte émotionnellement chargé.

En 2014, le tueur et le pilote sont placés en libération conditionnelle. En 2017, c’est au tour de François Girard, le commanditaire de la mort de Pierre Michel, d’être libéré pour raisons de santé.

Cette expérience, à la fois formatrice et traumatisante, permit à Philippe Vouland de comprendre les dynamiques médiatiques et judiciaires dans des affaires hautement médiatisées, renforçant ainsi ses compétences et sa résilience en tant qu’avocat.

Retrouvez l’intervention de Philippe Vouland devant la Cour de cassation sur la vie et la mort du juge Pierre Michel : https://www.youtube.com/watch?v=Axe1z1h-T8s&t=2s