2023 – Effondrement de la scène de Madonna au Vélodrome
Le 16 juillet 2009, le toit de la scène de Madonna s’était écroulé comme un château de cartes sur la pelouse du stade Vélodrome. L’accident avait fait deux morts : Charles Criscenzo, un Français de 52 ans, et Charles Prow, un Anglais de 23 ans. Huit autres ouvriers avaient été blessés, dont l’un, Giuseppe di Silvestro, s’était suicidé deux ans plus tard. Julien Pascal, l’un des cordistes présents sur place, résumait l’état d’esprit des travailleurs : « J’espère juste que ça va mettre un peu de plomb dans la tête des ‘tourneurs’, on est encore trop souvent considérés comme des pions. »
En 2023, notre cabinet prit en charge le dossier, représentant la famille d’une des deux victimes, un ouvrier qui se trouvait à 20 mètres de hauteur lors de l’accident.
Ce dossier complexe fut ralenti par plusieurs changements de juges d’instruction, son caractère international, ainsi que des expertises techniques longues et parfois contradictoires. Le dossier resta en attente pendant un an dans un bureau du tribunal, retardant la rédaction du réquisitoire du parquet. Nos clients, désespérés par les délais, menacèrent à plusieurs reprises de s’enchaîner au sommet d’une grue pour attirer l’attention sur leur situation.
Au fil des investigations, il fut révélé qu’un moteur défaillant destiné à soulever le toit de scène de 30 tonnes à 25 mètres de hauteur avait été remplacé à la hâte par une grue. Une élingue mal posée reliant le toit à la grue céda, provoquant l’effondrement. Le chantier, réalisé dans l’urgence, violait de nombreuses règles du droit du travail, notamment l’absence d’un plan d’évaluation des risques. « On était plus dans le montage d’un cirque sur une place de village qu’à celui de la scène d’une tournée mondiale, » avait accusé Michel Sastre, l’un des procureurs.
Le tribunal correctionnel de Marseille, après quatre mois de délibéré, prononça des peines de sursis pour les principaux responsables. Jacqueline Bitton, alias Jackie Lombard, présidente de Live Nation France, écopa de deux ans d’emprisonnement avec sursis, 20 000 euros d’amende et deux ans d’interdiction d’exercer sa profession. Tim Norman, patron d’ESG, fut condamné à deux ans avec sursis et une amende de 15 000 euros. Mathieu Anton et Scott Seaton reçurent respectivement 18 mois et un an de prison avec sursis, ainsi que des amendes.
Les entreprises impliquées, Live Nation France et Tours Concept France, furent condamnées à des amendes de 150 000 et 50 000 euros. Les experts judiciaires conclurent que la chute du toit résultait du mauvais placement de l’élingue, entraînant la rupture brutale d’une des poutres métalliques et l’effondrement de la structure.
Retrouvez un article du Figaro traitant de l’affaire : https://www.lefigaro.fr/flash-actu/proces-de-la-scene-de-madonna-jusqu-a-un-an-de-prison-et-150-000-euros-d-amende-requis-20201015