Philippe Vouland revient sur l’affaire Bendjelloul : défendre quand la peine de mort est en jeu

Philippe Vouland revient sur l’affaire Bendjelloul : défendre quand la peine de mort est en jeu

Le 7 septembre 2025, La Provence a publié une interview de Philippe Vouland à propos d’un procès qui a marqué l’histoire judiciaire marseillaise : l’affaire Alain Bendjelloul (1978).

Un procès hors du commun

À la fin des années 1970, Alain Bendjelloul, déjà condamné par une cour d’assises, comparaissait à nouveau pour un assassinat d’une extrême brutalité. Deux victimes, issues du milieu marseillais, avaient été exécutées. La presse évoquait alors un « ennemi public n°2 », juste derrière Mesrine. Le ministère public requit la peine de mort.

Dans ce climat tendu, où l’opinion et les médias pesaient de tout leur poids, la défense devait trouver sa place. Aux côtés de figures comme François Tubiana, Camille Giudicelli et Jean-Louis Pelletier, Philippe Vouland défendait un complice, impliqué dans le hold-up lié au dossier.

Défendre sous l’ombre de la guillotine

Face à une telle menace, plaider ne signifiait pas seulement discuter des faits : il fallait lutter contre la perspective de la peine capitale.
Philippe Vouland, avec ses confrères, choisit une ligne fondée sur la dignité de l’accusé, sur la nécessité de voir au-delà du crime, sur la possibilité d’une réinsertion. La plaidoirie ne s’opposait pas à la justice : elle rappelait que la peine devait être autre chose qu’une vengeance.

Un verdict qui échappe à la peine capitale

La peine de mort ne fut pas prononcée.
Le client de Philippe Vouland fut condamné à une peine mixte, qui lui permit de quitter la prison peu après le procès. Dans un contexte où la société réclamait une justice expéditive, ce résultat fut une victoire de la défense, et une démonstration de ce que peut être le rôle de l’avocat pénaliste : résister au poids de l’opinion et maintenir l’équilibre des principes.

Une mémoire qui demeure

Près d’un demi-siècle plus tard, Philippe Vouland rappelle que cette affaire fut aussi une leçon : celle de la solitude de l’avocat face à la peine de mort, et du courage nécessaire pour plaider contre la fatalité.
Ces procès demeurent inscrits dans la mémoire collective comme des moments où la défense ne protège pas seulement un homme, mais l’idée même de justice.

🔗 Lire l’article du Monde consacré à cette affaire : [Alain Bendjelloul comparaît pour un double meurtre et un hold-up (1978)](https://www.lemonde.fr/archives/article/1978/10/27/alain-bendjelloul-comparait-pour-un-double-meurtre-et-un-hold-up_297

08/09/2025