1983 – L’assassinat du curé de Saint Michel l’Observatoire

Le 14 septembre 1979, ses voisins, surpris de ne pas voir l’abbé Henri Brau, soixante-trois ans, curé de Saint-Michel-l’Observatoire depuis vingt-six ans, d’ordinaire plus matinal, forcent la porte du presbytère pour découvrir bientôt, ligoté dans la cave, le corps ensanglanté du prêtre mort. Partout dans la maison des traces de sang et de grand désordre. Beaucoup d’objets d’art religieux, dont l’abbé était un collectionneur passionné, manquent au salon devenu au fil des ans un petit  » musée « .

Une semaine plus tard, jour pour jour, les gendarmes interpellent un homme de vingt-trois ans, de nationalité espagnole, qui va très vite avouer être l’auteur du cambriolage, mais niera toujours avoir tué et encore plus torturé.

Devant la cour d’assises des Alpes-de-Haute-Provence qui le jugea en 1983, celui que ses amis surnomment  » Manu  » n’avait rien, en apparence, d’un meurtrier ou d’un tortionnaire. Front dégarni, fines lunettes dorées, langage châtié, il avait plutôt l’air d’un étudiant que d’un homme devant répondre  d' » homicide volontaire, tortures et vol qualifié « .

De fait, cet homme est un écorché vif. Né en Espagne, mais venu très jeune en France, il n’a pratiquement pas connu son père, un alcoolique notoire, et sa mère, éternellement malade, n’a su ni pu l’élever. Toute son enfance, jalonnée de crises d’épilepsie, a été ballottée çà et là de foyers d’action éducatrice en centres médico-sociaux. À quatorze ans, pour la première fois, il va tâter de la fugue et il récidivera à de multiples reprises, jusqu’au-delà de nos frontières. Ce qu’il appelle un  » pari stupide  » va le mener, à dix-sept ans et demi, à s’engager dans la Légion étrangère. Et les médecins militaires vont vite le réformer pour  » nervosité et indiscipline « .

Devant la cour d’assises, l’affaire prit une tournure encore plus dramatique lorsque l’Avocat général, Procureur de Digne en exercice, déclara que s’il en avait eu le pouvoir, il aurait requis la peine de mort. À défaut, il demanda la réclusion à perpétuité pour le principal accusé.

Philippe Vouland, aux côtés de Daniel Borde, défendait le principal accusé. Ils travaillèrent ensemble pour présenter une défense solide, mettant en avant des éléments de contexte et des circonstances atténuantes. Leur objectif était d’éviter la peine maximale demandée par l’Accusation.

L’accusé fut finalement condamné à 20 ans de réclusion, une peine significativement moindre que celle requise par le Procureur.

Retrouvez l’article du Monde consacré à cette affaire : https://www.lemonde.fr/archives/article/1983/10/06/le-voleur-vehement_2833472_1819218.html