1994 – L’assassinat de Yann Piat, députée du Var

En 1994, Madame Yann Piat, députée du Var et favorite aux élections municipales de Hyères, fut assassinée. La ville, surnommée « Hyères-les-Bombes » pour ses attentats et règlements de compte, baignait dans un contexte de spéculations affairistes et de liens ambigus entre la classe politique locale et le milieu. En mars 1993, une réunion publique de Yann Piat avait déjà été perturbée par des insultes.

Le 25 février 1994, alors qu’elle quittait sa permanence à Hyères, Yann Piat fut attaquée par deux hommes à moto. À la sortie d’un virage sur la route du Mont des Oiseaux, le passager de la moto ouvrit le feu, brisant la lunette arrière de la voiture. Il tira de nouveau, tuant Yann Piat et blessant son chauffeur, Jo Arnaud. Jo accéléra jusqu’à une caserne de pompiers, mais les secours furent vains. Yann Piat, première femme députée assassinée en France, fut déclarée morte.

Les obsèques de Yann Piat eurent lieu le 1er mars 1994 à La Londe-les-Maures, en présence de plus de 2 000 personnes, dont de nombreuses personnalités politiques telles que François Léotard et Valéry Giscard d’Estaing.

L’émotion publique fit de l’affaire une investigation emblématique. Rapidement, la possibilité d’une origine politique fut évoquée, nourrie par des lettres de Yann Piat dénonçant des liens entre des élus et la mafia varoise. Cependant, l’enquête s’orienta vers un meurtre mafieux. Deux jeunes, Marco di Caro et Lucien Ferri, furent arrêtés et accusés, suspectés d’avoir agi pour Gérard Finale, propriétaire d’un bar sur le port de Hyères et aspirant parrain du Var.

En octobre 1997, des journalistes d’investigation relancèrent la thèse du complot politique, impliquant des figures telles que François Léotard et Jean-Claude Gaudin, sur la base des dires d’un général mythomane. Les journalistes furent condamnés pour diffamation, et leur livre retiré de la vente.

Des polémiques subsistèrent, notamment sur une potentielle manipulation de la part des Renseignements généraux sous Jacques Chirac. Le général Jacques Jojon, figure centrale des allégations, décéda en 2009 après des années d’internement psychiatrique.

Gérard Finale (2eG), commanditaire présumé, Olivier Tomassone (G), incendiaire présumé de la moto et Stéphane Chiarisoli (C), accusé d’être le « conseiller militaire » du commando, Ali Guechguech (2eD), également incendiaire de la moto, et Romain Gressler (D), accusé d’avoir pris en filature la voiture, patientent dans le box des prévenus, le 4 mai devant la Cour d’assises du Var à Draguignan, lors de l’ouverture du procès de l’assassinat du député Yann Piat. (Photo by GEORGES GOBET / AFP)

Philippe Vouland, chargé de la défense d’un accusé, se retrouva au cœur d’un tumulte médiatique et judiciaire. Il dut prouver l’innocence de son client malgré des aveux rétractés et un environnement hostile. À travers une défense méticuleuse, il souligna les incohérences des preuves et témoignages. Malgré les obstacles, il obtint l’acquittement de son client, seul parmi les accusés. 

Retrouvez un article du Monde relatant la plaidoirie de Philippe VOULAND : https://www.lemonde.fr/archives/article/1998/06/15/la-defense-souligne-l-immaturite-des-accuses-dans-le-proces-de-l-assassinat-de-yann-piat_4418464_1819218.html