2023 – Effondrement de la scène de Madonna au Vélodrome

Le 16 juillet 2009, la scène du concert de Madonna au stade Vélodrome de Marseille s’effondrait en plein montage. Un drame brutal : deux morts, huit blessés, un ouvrier qui mettra fin à ses jours deux ans plus tard. Un accident du travail qui ne devait pas arriver, mais qui révèle, une fois de plus, la violence des impératifs économiques sur la sécurité des travailleurs.

Un dossier judiciaire plombé par les lenteurs de l’instruction

Notre cabinet a été sollicité en 2023 pour défendre la famille d’une des victimes, un ouvrier précipité dans le vide lorsque le toit de la structure, un monstre d’acier de 30 tonnes suspendu à 25 mètres de hauteur, s’est effondré en quelques secondes.

L’affaire, pourtant emblématique, s’est perdue dans les méandres de l’instruction. Un premier juge d’instruction est dessaisi, un second reprend le dossier avant de le classer au fond d’un bureau pendant plus d’un an. Les expertises s’enchaînent, parfois contradictoires, souvent incomplètes. Des lenteurs insupportables pour les familles des victimes, contraintes d’attendre, impuissantes. Exaspérées, elles ont plusieurs fois menacé d’actions coup de poing, allant jusqu’à envisager de s’enchaîner au sommet d’une grue pour attirer l’attention sur leur cause.

Un chantier mené à la hâte, une sécurité sacrifiée

Les investigations révèlent que la catastrophe n’a rien d’un accident imprévisible. Un moteur de levage, essentiel pour soutenir la structure, avait été jugé défectueux au dernier moment. Plutôt que de reporter le montage, il est remplacé à la va-vite par une grue, avec une élingue censée supporter la charge. Un montage précaire, bricolé dans l’urgence. Lorsqu’elle cède, la structure s’effondre d’un coup, projetant les ouvriers dans le vide.

Les enquêteurs découvrent également que le chantier ne disposait pas d’un plan d’évaluation des risques digne de ce nom. Aucune prise en compte des contraintes techniques, aucun dispositif de sécurité adapté. Un procureur résumera l’affaire avec une phrase cinglante : « On était plus dans le montage d’un cirque sur une place de village que sur celui d’une scène de tournée mondiale. »

Un verdict qui interroge sur la responsabilité des donneurs d’ordre

Après plus de dix ans d’instruction et quatre mois de délibéré, le tribunal correctionnel de Marseille prononce des peines avec sursis contre les principaux responsables.

  • Jacqueline Bitton, présidente de Live Nation France, écope de deux ans de prison avec sursis, 20 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer pendant deux ans.
  • Tim Norman, patron d’ESG, est condamné à deux ans avec sursis et 15 000 euros d’amende.
  • Mathieu Anton et Scott Seaton, impliqués dans l’organisation du chantier, sont respectivement condamnés à 18 mois et un an avec sursis, assortis d’amendes.

Quant aux entreprises impliquées, elles aussi sont sanctionnées :

  • Live Nation France doit payer 150 000 euros d’amende.
  • Tours Concept France, sous-traitant de la construction, est condamné à 50 000 euros.

Le tribunal a reconnu que la chute du toit résultait d’un mauvais placement de l’élingue, provoquant la rupture brutale d’une poutre métallique. Un enchaînement d’erreurs humaines et techniques, facilité par une gestion du chantier où la rentabilité a pris le pas sur la sécurité.

Un verdict qui laisse un goût amer

Malgré les condamnations, la peine reste légère au regard du drame. Une justice qui reconnaît la faute, mais qui semble encore hésiter à frapper fort les donneurs d’ordre. Pendant ce temps, la famille de notre client, comme les autres victimes, continue à se battre pour que la sécurité des travailleurs ne soit plus un luxe que l’on s’autorise à négliger.


📌 Retrouvez un article du Figaro traitant de l’affaire : Lien vers l’article