2024 – L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne

Le 5 novembre 2018, à 9 heures, deux immeubles vétustes du centre-ville de Marseille, rue d’Aubagne, se sont effondrés, tuant huit personnes. Le numéro 63, vide, appartenait à Marseille Habitat. Le numéro 65, une copropriété habitée. Les secours ont immédiatement démoli l’immeuble adjacent, aussi fragilisé.

La municipalité, débordée, a évacué plus de 4 500 Marseillais de leurs logements dangereux. Un an après, des centaines de ménages étaient toujours relogés dans des hôtels. Trois ans plus tard, 1 500 personnes vivaient encore dans des logements temporaires. Le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées a parlé de crise humanitaire.

Les dysfonctionnements de la ville et de la métropole, sous Jean-Claude Gaudin depuis 1995, étaient flagrants. Les alertes des experts sur l’état des bâtiments avaient été ignorées. Six élus LR ont été épinglés pour la location ou la vente de logements insalubres. L’association « Un centre-ville pour tous » et le collectif du 5 novembre dénonçaient la politique de gentrification. La mairie tentait de rejeter la faute sur les pluies récentes, l’inertie administrative et les propriétaires privés.

Une information judiciaire contre X pour « homicides involontaires » a été ouverte. Trois juges d’instruction ont reçu le dossier. En juin 2020, un rapport d’expertise a révélé que l’effondrement avait été causé par la rupture d’un poteau supportant le plancher du rez-de-chaussée du numéro 65. Les experts ont pointé des « manquements majeurs » de la municipalité et de plusieurs spécialistes.

Les mises en examen ont commencé en novembre 2020 : Marseille Habitat, Julien Ruas (adjoint au maire chargé de la gestion des risques), Richard Carta (expert ayant visité le numéro 65), et le cabinet Liautard (syndic de la copropriété). Aucun propriétaire n’a été mis en examen. L’enquête s’est conclue en octobre 2023, et le procès est prévu pour novembre et décembre 2024. Le réquisitoire accuse les mis en examen d’avoir commis des « fautes caractérisées ». Le directeur général de Marseille Habitat et quatre propriétaires, dont le conseiller régional LR Xavier Cachard, seront jugés. Quatre-vingt-deux parties civiles sont impliquées.

En parallèle, la création d’un groupe de lutte contre l’habitat indigne par le parquet en 2019 a conduit à des dizaines d’enquêtes et à la condamnation de plusieurs marchands de sommeil, certains à des peines de prison.

Philippe Vouland, Brice Grazzini et Tom Bonnifay défendent 27 victimes des effondrements et leurs proches. 

L’enquête bouclée, le procès à venir à l’hiver 2024 est crucial pour établir les responsabilités et rendre justice aux victimes.

Retrouvez un article du Monde traitant de l’affaire : https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/18/rue-d-aubagne-quatre-mis-en-examen-renvoyes-devant-le-tribunal-correctionnel_6228415_3224.html