Existe-il des limites pénales à une stratégie marketing ?
Un concurrent peut-il « verdir » impunément sa communication pour se donner une fausse image eco-responsable ?
Le greenwashing, ou éco-blanchiment, est une pratique de marketing visant à projeter une image écologiquement responsable, souvent bien éloignée des réalités de l’entreprise. Cette technique consiste à utiliser des arguments « verts » dans des campagnes de communication pour séduire les consommateurs, en exagérant ou en déformant les actions environnementales mises en place. Face à des attentes croissantes de la part des consommateurs et des parties prenantes en matière d’engagement écologique, certaines entreprises adoptent des stratégies de greenwashing pour éviter les efforts réels et coûteux qu’exige une transition vers des pratiques durables. Dans ce contexte, l’avocat pénaliste joue un rôle de plus en plus crucial, tant pour défendre les entreprises accusées de greenwashing que pour les conseiller en amont sur les risques juridiques et les pratiques à éviter.
Les risques et les enjeux du greenwashing
Aujourd’hui, malgré une attention accrue des consommateurs, le greenwashing continue de prospérer dans les stratégies de communication. Cette pratique expose les entreprises à des sanctions tant financières que réputationnelles. En France, la loi Climat et Résilience de 2021 encadre depuis le 1er janvier 2023 l’usage des allégations de neutralité carbone. Les entreprises doivent justifier rigoureusement de leurs bilans carbone et de leurs méthodes pour éviter de tomber dans l’écoblanchiment. En cas d’infraction, les sanctions peuvent atteindre 100 000 euros d’amende, voire deux ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros pour publicité trompeuse, comme stipulé à l’article L.132-2 du Code de la consommation.
À l’échelle européenne, la directive Green Claims, approuvée en 2023, vise à interdire les publicités écologiques trompeuses. Elle sera complétée par une nouvelle directive sur les allégations environnementales, en cours d’élaboration par la Commission européenne. Ces mesures visent à garantir une information fiable et à protéger les consommateurs contre les pratiques mensongères.
C’est dans ce cadre juridique renforcé que l’avocat pénaliste intervient. Les entreprises faisant face à des accusations de greenwashing doivent faire appel à un conseil juridique spécialisé pour éviter des sanctions pénales et administratives sévères. L’avocat joue un rôle préventif en conseillant les entreprises sur les stratégies de communication et les actions environnementales à entreprendre pour respecter la législation. En cas de contentieux, son intervention est essentielle pour démontrer l’absence de pratiques trompeuses ou pour négocier des peines moins lourdes en cas de culpabilité.
Pourquoi les entreprises recourent-elles au greenwashing ?
Les entreprises qui pratiquent le greenwashing poursuivent souvent deux objectifs : obtenir un avantage concurrentiel en se positionnant comme éco-responsables, et éviter les coûts élevés liés à la transition écologique. Parfois, ces pratiques ne sont pas délibérées mais résultent de maladresses, d’une méconnaissance des enjeux environnementaux ou d’une mauvaise appréhension des processus techniques, comme la réalisation d’un bilan carbone ou l’adoption de mesures bas-carbone viables.
Dans ces situations, l’avocat pénaliste intervient pour identifier les pratiques fautives et évaluer les responsabilités de l’entreprise. Son rôle est de défendre les droits de son client en démontrant, par exemple, qu’il s’agissait d’une erreur de communication et non d’une volonté de tromper délibérément le public. Il peut également conseiller l’entreprise sur la manière de se conformer aux régulations en vigueur pour minimiser les risques de récidive et améliorer son image publique.
Comment repérer et prévenir le greenwashing ?
Le greenwashing se décline en plusieurs formes :
- Greenlabelling (marketing trompeur) : Utilisation de termes vagues comme « naturel » ou « respectueux de l’environnement » sans fournir de preuves tangibles. Par exemple, des produits de nettoyage sont souvent étiquetés « naturels » sans explication sur leur composition.
- Greenlighting (détournement d’attention) : Mise en avant de petites initiatives environnementales pour détourner l’attention des impacts réels. Les campagnes vantant les investissements dans les énergies renouvelables par des entreprises pétrolières, tout en omettant leurs activités principales polluantes, en sont un exemple.
- Greenhushing (minimisation des impacts) : Certaines entreprises se déclarent « neutres en carbone » sans prendre en compte l’ensemble de leur chaîne de production. Elles minimisent ainsi les impacts environnementaux négatifs de leurs activités principales.
- Greenrinsing (multiplication des engagements) : Certaines entreprises changent régulièrement leurs engagements écologiques sans impact concret, pour semer la confusion sur leur stratégie réelle.
- Greencrowding (se cacher derrière des coalitions) : Adhérer à des pactes ou coalitions environnementales pour donner une illusion d’engagement, sans actions concrètes derrière.
Dans ce contexte, l’avocat pénaliste a également un rôle de conseil stratégique pour aider les entreprises à structurer leurs engagements environnementaux de manière conforme aux exigences légales. Il s’assure que les affirmations écologiques avancées par l’entreprise sont soutenues par des preuves tangibles et qu’elles ne risquent pas de tomber sous le coup des sanctions pour pratiques commerciales trompeuses.
Les conséquences du greenwashing
Le greenwashing est préjudiciable non seulement pour les consommateurs mais aussi pour les entreprises qui s’efforcent de respecter leurs engagements RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). En semant la confusion, il retarde la mise en œuvre des actions réelles nécessaires à la lutte contre le changement climatique et alimente la méfiance des consommateurs. Le risque de réputation est également important, surtout à une époque où les entreprises sont constamment exposées sur les réseaux sociaux et les médias.
L’avocat pénaliste intervient ici pour défendre les entreprises contre des accusations de greenwashing qui pourraient nuire à leur image publique. Il peut également négocier des arrangements extrajudiciaires pour éviter des sanctions trop lourdes ou des procès publics, qui pourraient ternir la réputation de la société à long terme.
Comment éviter le greenwashing ?
Pour éviter de tomber dans les pièges de l’écoblanchiment, il est essentiel pour les entreprises de :
- Réaliser un bilan carbone : Cette évaluation permet de mesurer précisément les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’entreprise et de cibler les domaines nécessitant des actions concrètes pour réduire l’impact environnemental.
- Adopter une communication responsable : Éviter les termes vagues et trompeurs comme « vert » ou « naturel » s’ils ne sont pas accompagnés de preuves solides. Une communication transparente, même sur les défis rencontrés, inspire davantage confiance aux consommateurs.
- Se doter de certifications fiables : Les entreprises doivent s’appuyer sur des labels reconnus, tels que NF Environnement, Écolabel ou B Corp, pour prouver leur engagement en faveur du développement durable.
- Soutenir ses affirmations par des preuves tangibles : La transparence est cruciale. Publier régulièrement des rapports sur les avancées de l’entreprise en matière de développement durable renforce sa crédibilité et permet d’éviter les accusations de greenwashing involontaire.
En ce sens, l’avocat pénaliste aide les entreprises à structurer des procédures de vérification de leurs pratiques environnementales et à se conformer aux normes en vigueur. Il peut également intervenir pour former les équipes dirigeantes sur les risques légaux liés au greenwashing et proposer des stratégies de communication alignées avec la réalité des actions mises en place.
Lutter contre le greenwashing : un enjeu réglementaire
Des institutions comme l’ADEME et l’ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité) ont publié des guides et des recommandations pour aider les entreprises à adopter une communication éthique et éviter le greenwashing. Ces régulateurs insistent sur l’importance de présenter avec précision les pratiques environnementales réelles des entreprises.
En conclusion, le greenwashing est une pratique trompeuse qui nuit à la transition écologique et expose les entreprises à des risques légaux et réputationnels importants. L’avocat pénaliste joue un rôle clé dans la prévention de ces risques en accompagnant les entreprises dans la mise en conformité de leurs pratiques, leur communication et en défendant leurs droits en cas d’accusation. Par des conseils juridiques avisés, il contribue à renforcer la transparence et la crédibilité des engagements écologiques des entreprises.
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